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Sursum Corda
« Élevons nos Coeurs »

 L’histoire de la RL le Progrès

Planche Gravée, le 5 octobre 2013

Plus que d’être heureux, l’homme a besoin de croire qu’il existe quelque part un Bonheur et une Paix pour tous.

Les Démons (1871)

Sursum Corda ! Se retourner, regarder le passé…

Drôle d’aventure que de se plonger dans l’histoire de notre Loge « le Progrès ». Car l’histoire est parfois menteuse; elle travestit les faits, les embellit selon l’occasion.

C’est en 1904 que des FF libres-penseurs, sous l’impulsion du F Charles Boniface créent le club Maçonnique « Les Vrais Disciples du Progrès ».

Dix ans plus tard et 83 séances tenues chez le F Boniface, nos frères travaillent d’arrache-pied pour que tout soit prêt pour la Consécration.

Ce fut un évènement quand les FF
Fondateurs annoncèrent la création du « Progrès ».

Lausanne, en 1913, est une petite ville campagnarde entourée de murailles avec six portes.

De la vigne, entre St-François et Ouchy ! Et seulement 180 voitures immatriculées pour tout le Canton.

C’était l’époque des luttes de conscience.

La mode était au rationalisme. Il était de bon ton dans les milieux intellectuels d’afficher un dédain complet pour le surnaturel. La science expliquait tout !

J:.-:. C:., VM

 

 

Les débuts

S’il est un homme qui revient sans cesse dans notre genèse, c’est bien le F Charles Boniface. Né en 1848, il est initié à 33 ans à la Loge Espérance et Cordialité. Il n’assiste pas à la création de Liberté en 1871 . La fin du 19ème siècle coïncide avec le développement de la libre-pensée, qui oppose la raison au dogme religieux. J’en veux pour preuve la parution en 1909 d’un opuscule écrit par le GM de l’Alpina, le F Häberlin, traitant « des rapports de la franc-maçonnerie avec Dieu, la religion et l’église ». Le F Boniface montre rapidement un fort penchant pour la libre-pensée et réunit autour de lui des FF ayant les mêmes idées. Cependant, au sein des deux Loges lausannoises de l’époque, la majorité des FF estiment que l’appartenance maçonnique va de pair avec une croyance religieuse et le respect des valeurs chrétiennes.

Les FF libres-penseurs sous l’impulsion du F Boniface vont créer le Club maçonnique « les vrais disciples du Progrès » en 1904. Un des principaux buts de ce club était de proposer à ses membres ainsi qu’à leur parenté des cérémonies d’ensevelissements civiles dignes, mais débarrassées du carcan religieux. La mode était au rationalisme et les FF libres-penseurs se considéraient eux-mêmes comme « avancés » par rapport aux autres.

La création de ce Club va pour un temps freiner la volonté déjà sous-jacente de créer un nouvel Atelier regroupant les FF libres-penseurs de Lausanne, ce d’autant qu’en 1910, le F Boniface est nommé VM de sa Loge. Il a alors 62 ans, c’est un F aguerri et respecté. Pourtant en grand secret, il persiste à mener son projet à bien et c’est l’année suivante, suite à une rencontre avec le GM du GO Lusitanien Uni du Portugal que la machine se met en marche. Après quelques rencontres, un comité est réuni sous le sceau du secret le 21 décembre 1911. La Loge le Progrès est créée par 5 FF qui signent successivement (au fil de leur intégration au projet) un document au domicile du F Boniface. La même année, il initie son propre fils Gustave et le beau-fils de Lucien Ménétrey , Henri Dusserre à E&C, lesquels seront rapidement engagés dans l’aventure du Progrès.

Il va falloir presque deux ans et 85 séances secrètes (toutes au domicile du F Boniface) pour que tout soit prêt pour la séance de fondation. Sigle, devise, bijou, rituels, sautoirs, camails, rubans, rien n’est oublié. Et c’est le 24 octobre 1913 qu’elle a lieu au domicile de celui qui vient d’être nommé premier Vénérable de la nouvelle Loge le Progrès.

Le F Boniface a rendu son premier maillet à E&C il y a quelques mois à peine (il a même été nommé membre d’honneur) et lorsqu’il annonce dix jours plus tard aux Loges Liberté et Espérance et Cordialité cette fondation accompagnée d’une lettre collective de démission des membres à leurs anciens Ateliers, c’est l’effarement ! La surprise est totale, tant le secret avait été bien gardé. La démission collective est refusée par certaines Loges et les membres de celles-ci doivent démissionner individuellement. Ceci (ainsi que d’autres manœuvres de FF d’Espérance et Cordialité) a pour effet d’empêcher la mise à l’ordre du jour de la demande d’admission de notre Loge aux assises de la GLSA de mai 1914 à Lausanne (GL organisée précisément par E&C et Liberté). Le motif avancé par les détracteurs étant principalement l’athéisme des fondateurs, comme des rituels, et la mise en doute du respect du GADLU par la nouvelle Loge.

1915-1940

Ce refus de l’Alpina a pour les fondateurs du Progrès l’effet d’une douche froide, car la GLSA avait à sa tête le GM Jacques Oettli , lui-même ancien membre du cercle du Progrès ! Ils iront finalement noyer leur chagrin autour d’un banquet où trente-deux FF genevois viendront les rejoindre un peu plus tard pour les assurer de leur soutien.

L’accès aux locaux des Loges lausannoises leur étant fermé (E&C refusant tout contact avec une Loge non reconnue), il faut trouver autre chose. C’est le F Gottlieb Lieber qui se charge de cette tâche et qui négocie un bail avec la société du Lausanne-Ouchy pour un local au 9 de l’avenue Jean-Jacques Mercier (qui deviendra l’avenue du Tribunal Fédéral). Le F Paul Noverraz (employé à la BCV) offrit tous les objets en fer forgé qu’il confectionna dans son atelier de la Louve . Chacun apporta sa pierre à l’édifice, tant et si bien qu’après cette première année de Travaux se déroulant au domicile du F Boniface, on put inaugurer nos locaux le 31 janvier 1915.

La GL de 1915 se déroulant à Berne, nous avions à nouveau demandé notre admission. Quelques jours avant, une circulaire est adressée à l’Alpina par E&C sous l’impulsion des mêmes FF qui n’avaient pas digéré la « trahison » du F Boniface. Mais cette fois-ci, la Loge Liberté répond immédiatement en adressant elle aussi une lettre à l’Alpina où elle réfute les arguments émis par E&C et invite à la réconciliation par l’admission du Progrès dans la chaîne de la GLSA. De même un ancien GM (le F Quartier-la-Tente) appuie une démarche similaire. Grâce à ces appuis, nous sommes acceptés dans l’Alpina le 29 mai 1915, ainsi que l’atteste la date sur notre tampon de Loge, modifié à cette occasion. Et c’est l’année suivante que la consécration officielle est apportée à notre Temple par le TRGM Schwenter. On comptera plus de 200 FF venant de 32 Ateliers différents.

Nous sommes en pleine guerre 14-18, mais la Suisse vit en marge de ce conflit et les Travaux n’en sont que peu perturbés, malgré les incertitudes planant sur l’avenir. Les tickets de rationnements permettent malgré tout de réaliser de belles agapes qui tiennent d’ailleurs plus du banquet…

La Loge crée durant cette période notre Caisse au décès, laquelle alloue une somme de 100.- à la famille du défunt pour une cotisation annuelle de 3.-.

En 1918, à l’occasion de son 70ème anniversaire, le F Boniface (toujours Vénérable !) profite de l’occasion pour créer le fonds qui porte son nom afin de porter secours aux enfants de FF orphelins en leur attribuant des bourses d’étude et de soutien.

Quelques démarches sont faites par la Loge Liberté pour tenter de réunir les trois Loges lausannoises sous le même toit, mais rien n’y fait. Certaines rancœurs ou certaines fiertés empêchent encore et toujours une réconciliation. Finalement, en juin 1919, une lettre d’E&C met fin à cette mésentente et notre Loge entre en matière pour rejoindre les locaux de l’avenue Ruchonnet. Le F Charles Boniface termine l’année 1919, usé par l’âge et la maladie. Son dernier acte aura été la signature du bail avec l’Acacia. Il laisse le premier maillet vacant jusqu’à son décès le 11 janvier 1920, cinq jours avant le déménagement de la Loge.

Le F Charles Chevallaz va lui succéder à la tête de la Loge pour une durée de trois ans avant de céder sa place au F Louis Noverraz. Malheureusement, ce dernier décédera cinq mois plus tard, obligeant le F Chevallaz à rempiler pour dix-huit mois supplémentaires. En 1925, Paul Pilet est nommé Vénérable, en 1928, c’est Charles Curchod jusqu’à la fin de 1931. Durant ces années où la Loge se développe, quelques ombres sont à déplorer. Certains FF, libres-penseurs à l’excès, offusquent les FF plus pondérés par des paroles inconsidérées. Un membre de la commission des candidatures escroque les candidats sous prétexte de placer leur argent. Hélas, sans réaction des Vénérables en charge…

L’installation du F Florian Duport comme VMEC en janvier 1930 va mettre fin à ces pratiques étranges (j’ai eu par ailleurs la chance de croiser plusieurs fois ce Fen Loge, puisqu’il est mort centenaire). Mais, à l’horizon, d’autres nuages s’avancent. En Allemagne et en Italie, des campagnes antimaçonniques s’organisent pour aboutir au dépôt en 1934 de la trop fameuse initiative frontiste du colonel Fonjallaz visant à interdire la Maçonnerie sur sol helvétique. Tous les FF doivent se mobiliser et consentir des sacrifices financiers pour soutenir la campagne d’information que les Loges font auprès du grand public. Malgré le refus de l’initiative, cette épreuve affaiblira grandement l’Ordre. De nombreuses démissions seront enregistrées, la caisse au décès sera dissoute. En 1935, c’est Henri Dusserre qui prend le premier maillet. En 1937, c’est le F Gustave Boniface qui lui succède pour cinq années difficiles. La guerre 39-45 déchire l’Europe, puis le monde. C’est la mobilisation. Les tenues deviennent épisodiques, la motivation est au plus bas, les soucis financiers sont permanents. En novembre 1941, la dissolution de la Loge est mise à l’ordre du jour par le fils du fondateur, tant les difficultés lui paraissent insurmontables !

1941-1970

Et c’est alors que quelques fidèles ont un sursaut d’énergie. Le F Alfred Laurent accepte de reprendre le maillet. Il sera installé en mars 1942. Notre Atelier fait alors face aux plus grandes difficultés. C’est à un dernier carré de FF que nous devons aujourd’hui notre survie, ainsi qu’à l’appui désintéressé de nos deux Loges Sœurs, tant moral que financier. En mai 1942, les Loges lausannoises sont contraintes de vendre l’immeuble de l’avenue Ruchonnet. Elles emménagent alors dans le bâtiment de la tour Métropole à Bel-Air. Les restrictions de combustible amèneront même à grouper certaines Tenues afin de réaliser des économies de chauffage…

En 1947, c’est Robert Laurent qui prend les rênes de la Loge pour un Vénéralat qui va durer 11 ans ! Au sortir de la guerre, ce dernier va mettre une énergie incroyable à reconstruire sa Loge. On comptera 235 candidatures qui donneront lieu à 81 initiations !

Refonte complète des statuts, des rituels, réintroduction de la caisse au décès, création du fonds Tutelle et Bienfaisance. Sous sa présidence et son impulsion, c’est également le projet de la construction du bâtiment de Beaulieu où en 1951, il présidera la dédicace du Temple en présence du GM Albert Natural et de près de 400 FF. Nos FF Gaston Lagger, André Fritschi, Stefano Droz et Henri Grüninger ont été initiés par lui. Cette fabuleuse renaissance qu’il offre au Progrès lui vaudra d’être nommé Vénérable d’Honneur. A noter qu’il réintégrera le F fondateur Hugo Wassermann en 1954, lequel avait démissionné en 1934 (vingt ans d’absence…)

En 1956, le F Humbert Vettovaglia (récemment décédé) reprend le maillet pour quatre années avant de passer le témoin en 1960 à A. F.  . En 1964, ce sera M.G. En 1967, S. E. En 1971, J.L., qui deviendra ensuite Grand Chancelier de l’Alpina.

1971-2013

En 1987, c’est P.-J. M qui reprend le maillet et qui organise les festivités du 75ème anniversaire. À cette occasion, un concert est donné au Temple par des FF musiciens et un livre est édité à 200 exemplaires qui reprendra de nombreuses Planches de FF. Ce livre sera distribué à tous les FF de la Loge ainsi qu’aux nouveaux FF initiés dès cette date, et remis lors de la présentation de leurs impressions d’Initiation. Ce livre ayant également été offert, lors de visites de LL en Suisse ou à l’étranger, il sera pratiquement épuisé lors de notre centenaire ! Mais à fin 1987, une brouille se crée entre quelques FF et c’est un départ mouvementé de plusieurs FF vers un essaimage et la création de la Loge Pythagore.

En 1990, c’est C. O. qui accède au poste de Vénérable. Lui aussi aura le privilège d’initier son fils. Puis en 1993, ce sera R.V . Votre serviteur aura cet honneur en 1996 pour céder ensuite cette charge à C. M.  en 1999. En 2002, c’est J. d B. qui préside à notre destinée. La fin de son mandat est cruelle, car à nouveau les FF se déchirent, cette fois-ci pour la prise de pouvoir. Le F pressenti par le Collège ne fait pas l’unanimité et une polémique fait rage autour de son activisme. Quelques FF  piquent la mouche et se mobilisent. Deux clans se distinguent. Les FF se rencontrent en dehors du Temple pour échafauder leurs plans. On ne se parle plus, on s’épie. On compte ses voix… Le prétexte de départ est finalement la source d’un mal-être plus profond dont nous n’avions pas pressenti l’intensité. Finalement, lors de l’Assemblée Générale de mars 2005, BdS, candidat surprise, prend finalement le premier maillet après une élection très mouvementée, laquelle débouche sur des démissions. Mais le nouveau VM est inexpérimenté, car absent depuis plus d’un an de la Loge et se montre impuissant à calmer des FF surexcités par les derniers événements. Après un peu plus d’un an, il renonce à sa charge lors d’une St-Jean d’été tristement mémorable où les FF s’invectivent en plein Temple. La moitié du Collège démissionne avec fracas…

Lors d’une Assemblée Générale extraordinaire convoquée par l’ancien VM en septembre, je me propose de reprendre le maillet pour un Vénéralat de transition destiné à calmer les esprits. La majorité du Collège démissionnaire va alors essaimer pour créer les Frères Bâtisseurs. Essaimage douloureux qui va finalement créer deux petites LL, car notre Atelier perd alors plus de la moitié de ses membres, tant par l’essaimage proprement dit que par quantité de FF choqués par l’ambiance délétère ayant régné dans les derniers mois et qui ne reviendront plus. La période est, de plus, pauvre en initiations dans tous les Ateliers lausannois. D’autres LL tentent même des rapprochements en vue de fusionner, mais finalement sans succès.

En 2009, je remets le maillet à JND, lequel pourra effectuer une seule Initiation tout à la fin de son mandat. C’est finalement le F JPC, revenu de Tradition durant mon second mandat qui reprend les rênes en 2012 et à qui incombe de diriger le centenaire de la Loge. Une commission est nommée et j’en suis bombardé président. Nos réflexions nous amèneront à désigner 2013, année du centenaire avec diverses activités et fêtes pour ponctuer ce passage : Tenue funèbre où tous les FF décédés depuis la création de la Loge seront honorés et cités. Tenue solennelle où une Initiation est planifiée, mais hélas annulée. Sortie familiale avec un banquet au prix d’il y a cent ans qui connaîtra un grand succès. Et une Tenue du Centenaire avec un Rituel créé pour l’occasion en présence du TRGM de l’Alpina, suivi d’un banquet du Centenaire. Une clé USB en forme de livre sera distribuée à tous les FF de l’Atelier ainsi qu’aux Visiteurs qui contiendra cette conférence, le Rituel du Centenaire et diverses archives, photos, audios et vidéos.

Voilà, cent ans s’achèvent. La fabuleuse aventure de Charles Boniface et de quelques FF associés a tenu, malgré les vicissitudes du temps, malgré deux guerres mondiales et surtout malgré les passions qui naissent parfois entre les hommes et qui les brouillent irrémédiablement. Cette Loge est passé par des hauts, des bas, des très bas… mais toujours s’est ressaisie, toujours a trouvé des FF pour redonner vie à son destin et redonner des couleurs à sa devise : Sursum corda !